Bien
que les adjectifs nous manquent pour qualifier ce chef d'œuvre, n'ayons
pas peur des mots et situons cette perle parmi les meilleurs, si ce n'est
le meilleur, Max Pécas. D'un point de départ plutôt sombre; la mort, les
difficultés liés à l'héritage et le danger des sectes, Max nous entraîne
dans une fresque épique, road movie d'avant garde nous transportant de
Paris, en Espagne puis en Tunisie sur un rythme trépidant. Car que ce
soit à pied, en voiture de police, en mini bus, en bus, en calèche, en
avion ou encore à dos d'âne, nos vaillants héros ne reculeront devant
aucun obstacle pour retrouver leur sœur. Suspens, action et, bien sur,
humour sont donc au rendez vous de cette quête métaphysique.
Dès le générique
avec le nom des acteurs s'inscrivant en jaune sur fond rouge, le tout
accompagné d'une musique obsédante, l'on devine que l'on est dans le film
de tous les dangers, de tous les paris et qu'il va falloir faire ici table
rase du conformisme qui nous menaçait. Car Max est un visionnaire et il
va, tout au long de cette une heure trente de pur bonheur, nous le prouver
une nouvelle fois.
La première scène
nous montre le décontracté Cri Cri, collectionneur d'aventures amoureuses
(spécialisé ici dans les hôtesses de l'air) se dépatouiller tant bien
que mal d'une pénible situation totalement Pécassienne. Pourtant dès la
scène chez le notaire, et ce malgré que Cri Cri et son frère hallucinent
sur la secrétaire (l'un l'imaginant en dessous, l'autre nue), l'on sent
que le film va transcender l'univers habituel de Max.
Et c'est bien ce qu'il se passe dès que les deux frères arrivent où habitait
leur sœur et se retrouvent confrontés de face à la dure réalité des sectes.
Ici le film prend un virage à 180° et, tel les ésotériques livres d'alchimie,
offre plusieurs modes de lecture.Car
cette quête de la sœur égarée n'est ni plus ni moins que la quête de sa
propre réalité intérieure, une réalité étouffée par les illusions de nos
sociétés marchandes. Ne serait ce que pour s'en convaincre l'époustouflant
final devant Beaubourg, temple de nos moderne société, où le vase Ming
(symbole de la tradition) est brisé dans un affolement typique de nos
mœurs décadents.
Tout
au long de son film Max multiplie les double sens, comme le rite de la
purification (maintes fois évoqué au travers de nos héros plongés dans
l'eau), le retour à l'innocence (scène du camp de naturiste), l'instabilité
de nos personnalités crées de toutes pièces (scène sur les patins à roulettes),
le jeu des apparences (le masque de jade) et la dualité de notre essence
(le personnage de monsieur Bouvier). C'est donc, au travers d'une banale
apparence, à un véritable conte philosophique que Max nous convie ici,
une profonde réflexion métaphysique sur l'état actuel de l'homme et son
incertain avenir. Et comme le final nous le laisse entrevoir, (avec la
redisparition de la sœur alors que le but allait être atteint), il nous
invite à prolonger cette réflexion dans notre quotidien et à ne jamais
relâcher notre attention des efforts nécessaire à l'obtention de l'harmonie.
Jamais Max n'aura
été si profond et l'on ne se lassera pas de voir et de revoir ce film
afin de s'y ressourcer en y découvrant chaque fois de nouveaux messages.
Un incontournable film-méditation qui nous accompagnera et nous épaulera
tout au long de notre difficile parcours...
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