GENESE
Il
n'est pas aisé de retracer la vie du prolifique et génial Max Pécas
tant il a su préserver son intimité et rester loin des fastes du Show
biz pour pouvoir consacrer entièrement sa vie à son art; cette révolutionnaire
conception du cinéma (encore occultée par un milieu élitiste et jaloux)
que nous n'avons pas encore totalement digéré et dont les générations
futures n'auront de cesse de s'abreuver à sa riche source. Car Max,
comme tous les grands génies, incomprit par sa génération, a par la
suite souvent été pillé sans que jamais l'on ne lui rende l'immense
hommage qu'il mérite, hommage que je m'empresse de lui offrir au travers
des quelques pages de ce modeste site.
Max
naît le 25 avril 1925 à Lyon (Rhône, France). Ce
sont les fées de la félicité qui, en se penchant
un peu trop sur son berceau, lui donneront ses premières suaves
visions qui marqueront à jamais son inconscient.
Il sera élevé dans le sud de la France.
Certaines personnes avisées prétendent qu'il aurait eut sa première
caméra à l'âge de cinq ans ce qui expliquerait la facilité déconcertante
avec laquelle il filmera par la suite; les premières prises étant souvent
les bonnes. Adepte d'un réalisme social et passionné par les mystères
quasi insondables de la psyché humaine, il se tournera dès ses premiers
courts métrages (réalisés dès 11 ans et malheureusement aujourd'hui
introuvables) vers un quotidien qu'il magnifiera de son œil avisé. Seuls
des titres alléchants comme "La maîtresse nous chauffe les oreilles"
ou encore "Viens faire du poney, cousine!" nous restent de cette époque
bénie où son talent prends vraiment racine. Car c'est dès 12 ans, sous
l'influence d'une puberté précoce, que la découverte des jeux érotiques
va donner la dimension dans laquelle s'inscrira, en lettres d'or, toute
son œuvre. Une œuvre intemporelle qu'il n'aura de cesse de développer...
ECLOSION
Il
commencera sa carrière au milieu des années 50, en tant
qu'aide sur de nombreux films qui étaient alors réalisés
dans des studios autour de Nice et de Cannes. Il ira ensuite à
Paris où il fera ses débuts directorial en 1959 avec "Le
cercle vicieux". Ne parvenant pas à se détacher de l'influence
de quelques maîtres (Fellini, Hitchcock,) les premiers films de Max
Pécas n'ont pas encore la pleine puissance à laquelle il parviendra
à son apogée (1977-1986). Néanmoins sur une trame de "polar" il rajoute
déjà sa savoureuse touche personnelle: c'est à dire un minimum d'intrigues
pour un maximum d'efficacité, le tout saupoudré de quelques scènes coquines.
Citons entre autres: "De quoi tu te mêles, Daniela", "Douce violence",
"La peur et l'amour" et "Claude et Greta" des films un peu trop vite
poussés dans l'oubli par un milieu réfractaire à l'avant gardisme.
Les récits à suspens dans un moule hitchcockien sont sa
vraie passion mais après avoir rencontré José Bénazéraf
et travaillé avec lui en 1961, il s'implique de plus en plus
sur des films "sexy". Il va ainsi devenir l'un des pionniers
de la sexploitation française.
En 1963, il fonde sa propre compagnie : "Les Films du Griffon".
A partir de "La baie du désir" (1964), ses films comportent
chaque fois davantage de nudity et d'activité sexuelle plus ou
moins discrète.
Puis
tout le cinéma érotique qui sévissait depuis déjà une décennie va ,en
1970, (enfin!) déclencher l'inévitable déferlement de la
pornographie. Max Pécas et José Bénazéraf furent les activistes de pointe
de ces "films de cul", au grand dam de la moralité publique.
Avec "Je suis une nymphomane"(1970), Max frappe fort et juste en réalisant
la parfaite union entre érotisme débridé et étude
psychologique de nos zones troubles. Le scénario, qui a la force de
sa simplicité, nous conte l'histoire d'une jeune fille de bonne famille
fiancée à un polytechnicien qui, suite à une malencontreuse chute dans
les escaliers, se découvre une insatiable sexualité...
Génialissime!!! Emporté par son mérité succès il réalise une suite "Je
suis frigide...Pourquoi?"(1971) qui ne parviendra pas à atteindre
l'intensité du précédent.
En cette période bénie la concurrence est rude et chacun en repoussant
les limites de la pornographie cherche à conquérir un public toujours
avide de nouvelles sensations. Qu'à cela ne tienne, ce n'est
pas le hardcore qui fait peur à Max et il le prouve avec des œuvres
comme: "Banane mécanique", "Les mille et une perversions de Félicia"
ou encore "Club privé pour couple avertis". Mais des voix s'élèvent
contre ce genre de cinéma, des procès pour outrage aux bonnes mœurs
sont intentés et le succès n'est pas toujours au rendez vous... Enfin,
l'imposition de la "loi X" (1975) décourage plus d'un
producteur. Tous ces facteurs et d'autres vont faire s'orienter Max
vers les comédies qui ont fait sa légende.
EXPLOSION
Suite
à la projection de "Lâche moi les baskets", film américain qui cartonne
en cette année 1977, Max Pécas trouve enfin une voie à la mesure de
ses envies: celle de la comédie pour ados, genre dans lequel tout son
art va exploser dès son premier film: "Marche pas sur mes lacets" (1
millions d'entrées!). Ce film culte nous conte les aventures de deux
bidasses en vadrouille avant l'incorporation. Deux bidasses que l'on
retrouvera l'année suivante dans "Embraye bidasse, ça fume", un film
aujourd'hui rebaptisé "Bidasse Academy". Un changement de nom que nous
déplorons car les titres des œuvres Pécassiennes (souvent reprit d'une
réplique) se suffisent largement à eux mêmes et contribuent pleinement
à leur légende. Sa troisième comédie "On est venu là pour s'éclater"
nous le prouve encore. Il s'agit ici de l'histoire d'un GO plus à même
de satisfaire sexuellement les touristes que de remplir ses pourtant
simples fonctions...
Max regorgeant d'idées et d'énergie va enchaîner films sur films avec
plus ou moins de succès et outre "Brigade des mœurs" (un film d'action
de 1985) il approfondira sans relâche les arcanes de la comédie. Citons
en vrac: "Belles, blondes et bronzées", "On est pas sortis de l'auberge",
"Les branchés de Saint Tropez", "On se calme et on boit frais à Saint
Tropez", "Deux enfoirés à Saint Tropez" ou encore l'époustouflant "Mieux
vaut être riche et bien portant que fauché et mal foutu"...autant de
films pour autant de moments à l'intense (et parfois subliminale) émotion.
Merci Max...
SA COUR
Il
est évident que l'on ne peut pas parler de Max sans évoquer son complice
Claude Mulot; un fidèle qui, depuis leur collaboration
sur
"Je suis une nymphomane" ne le quittera plus. Rappelons que Claude est,
entre autres, sous le pseudo de
Frédéric Lansac le réalisateurs de nombreux films pornos dont le célébrissime
"Le sexe qui parle". On le voit, partageant
une même
vision du monde, les deux hommes étaient fait pour travailler ensemble.
De cette même période date également la rencontre avec Michel Vocoret
et quelques années plus tard avec Sylvain Green, deux acteurs fétiches
du maître.
Mais outre cette joyeuse et proche équipe, Max voit large et loin, et
son talent de visionnaire s'exprime
également par cette faculté innée qu'il a de découvrir de futurs grandes
stars. Ainsi il fait débuter Victoria Abril dans "Mieux vaut être riche...",
Caroline Tresca dans "Deux enfoirés à Saint Tropez", Ticky Holgado dans
"Les branchés de Saint Tropez" et il tend même la perche à Brigitte
Lahaie dans "On se calme et on boit frais à Saint Tropez". Trop fort!!!
D'ailleurs toute la crème du cinéma français de l'époque (Jean Lefebvre,
Bernadette Lafond, Henri Guibet, Jacky Sardou, Pierre Doris, Georges
Beller...) l'avaient plébiscité en 1982 en tournant le goûteux "On est
pas sorti de l'auberge". Respect!!!
INCORRUPTIBLE
Malheureusement
en 1985 son film d'action "Brigade des mœurs" se voit injustement classé
X, ce qui le prive d'une grande partie de son public. L'année suivante
"Deux enfoirés à Saint Tropez" ne rencontre pas le succès escompté,
mais Max ne se décourage
pas et enchaîne brillamment avec "On se calme et on boit frais à Saint
Tropez". Mais là encore le malheur s'acharne sur lui et le succès n'est
pas au rendez vous de cette petite perle cinématographique heureusement
aujourd'hui redécouverte grâce, notamment, à M6. C'en est trop, au bord
de la ruine et découragé par un milieu à l'élitisme de plus en plus
carnassier, Max abandonne
sa magnifique carrière en 1988.
Depuis il
n'a plus rien tourné. Et pour cause! N'ayant jamais prit de pseudo pour
réaliser ses films pornographiques même la télévision le boycotte. Tant
pis Max n'est pas l'homme des compromis et il préfère céder ses films
pour vivre une paisible retraite plutôt que de renier ce qu'il a été.
Et c'est cette intransigeance là, qu'il a manifesté tout au long de
sa brillante carrière, qui fait sa force. Devant de telles qualités
nous ne pouvons que nous incliner, la larme à l'œil, sans parvenir à
nous empêcher de songer à son éventuel retour... Un jour peut être....